L'interprétariat simultanée est un exercice délicat, aussi parfaitement bilingue soit-on. Elle nécessite un entraînement particulier et requiert toujours beaucoup de concentration et d'énergie.
La première particularité est de ne pas s'entendre. C'est également une nécessité : le casque est le plus grand ami de l'interprète simultané. Sans lui il entendrait sa propre voix et perdrait en qualité d'audition sur ce qu'il doit traduire.
Autre point fondamental, rester toujours dans le débit du locuteur. Ce processus consistant à écouter dans une langue et à parler dans une autre est consommateur de ressources. On ne peut pas faire des efforts de mémoire en plus. On estime que dans un tel contexte on ne peut pas mémoriser plus de 5 à 7 mots. Il est donc impératif de parler aussi vite que l'on entend.
Test intéressant : prenez le fichier mp3 d'un texte quelconque, mettez un casque sur vos oreilles, et répétez simplement à haute voix. Une traduction simultanée du français au français en quelque sorte. Vous verrez vite que pour conserver un débit d'élocution intelligible vous devez vous décaler de quelques secondes, mais en ayant en moyenne moins d'une dizaine de mots de « retard ».
Ce décalage est d'autant plus nécessaire que la traduction ne peut se faire mot à mot. Chaque langue a « sa façon de penser et d'exprimer», il faut traduire l'idée, le concept et non les mots. Il faut un minimum de recul pour saisir le sens, traduire le début d'une phrase dont on ignore la fin n'est pas envisageable.
Un locuteur de conférence a un débit modeste de 100 à 120 mots à la minute (une conversation entre 2 personnes peut monter à 200 mpm et même plus). En un « set » de 20 mn nous traduisons plus de 2000 mots, soit l'équivalent de 6 pages de texte.
Tous ces éléments expliquent pourquoi on effectue des rotations rapides en cabine de traduction simultanée, toutes les 20 à 30 minutes, sinon la fatigue mentale l'emporterait.
Nous écoutons dans une langue et parlons dans une autre. Mais dans quelle langue pensons nous à ce moment là ? Réponse : dans aucune ! L'interprète simultané en action est dans un état particulier, ce n'est pas une transe car la conscience est parfaite, mais uniquement de ce que l'on écoute. Le cerveau est réquisitionné sur un processus traduction-élocution qui ne laisse guère de place à quoi que ce soit d'autre.
Bien sur l'interprète est aidé par un document remis à l'avance, présentant la trame de l'intervention. Mais les conférenciers ne la suivent pas toujours, selon leur inspiration et les réactions de l'auditoire.
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